Il est des historiens et des philosophes dont le travail contribue toujours à rendre plus intelligible le monde... Il en est ainsi de Domenico Losurdo, auteur d'une Contre-histoire du libéralisme, traduit de l’italien par Bernard Chamayou, La Découverte, Paris, 2013, 390 pages, 12 euros.
Lucien Sève, philosophe en a fait une critique éclairante :
Je cite :
"Etre libéral, en principe, c’est militer, à l’école de grands auteurs
comme Hugo Grotius ou John Locke, Adam Smith ou Alexis de Tocqueville,
pour les libertés de l’individu contre l’absolutisme politique, le
dirigisme économique, l’intolérance philosophique. Puissant mouvement de
pensée et d’action qui, du XVIe au XVIIIe siècle et à travers trois
glorieuses révolutions aux Pays-Bas, en Angleterre et en Amérique, a
modelé toute l’histoire contemporaine. Or c’est justement avec lui que
l’esclavage connaît son plus grand développement. En Amérique, il y a
trois cent trente mille esclaves en 1700, près de trois millions
en 1800, le double au milieu du XIXe siècle. Les Pays-Bas n’abolirent
l’esclavage dans leurs colonies qu’en 1863. Au milieu du XVIIIe siècle,
c’est la Grande-Bretagne qui compte le plus d’esclaves : près de neuf
cent mille. Et il s’agit là du pire esclavage, le racial chattel slavery, où l’homme de couleur est tout uniment un « bien meuble ». On ne peut imaginer plus radical déni de la liberté individuelle. Où est l’erreur ?
L’ouvrage est consacré de bout en bout à l’expliquer, avec un luxe
impressionnant de faits saignants et de citations suffocantes. Non, il
ne s’agit pas d’une erreur. La doctrine libérale est née et n’a cessé
d’être à double face : message enflammé de liberté individuelle pour les
seuls citoyens, hommes blancs propriétaires formant un Herrenvolk, un « peuple de seigneurs » — germanisme adopté sans complexe par cette idéologie largement anglophone ; déni cynique d’humanité non seulement pour les gens de couleur dans les colonies, mais tout autant pour les peuples réputés « barbares »,
comme les Irlandais ou les Indiens d’Amérique, et pour la masse des
serviteurs et travailleurs dans les métropoles mêmes — autant dire pour
la très grande majorité. Cette contre-histoire du libéralisme, sans du
tout nier sa face claire, dévoile en toute son ampleur cette face sombre
depuis l’origine que ne cesse de dissimuler l’hagiographie libérale.
Quand, par exemple, détail entre cent, on apprend que le grand
philosophe libéral Locke était actionnaire de la Royal African Company,
organisatrice majeure de la traite des Noirs, on commence à mieux saisir
bien des choses dans notre histoire moderne.
Mais on comprend aussi que ce livre iconoclaste ait mis du temps à
nous parvenir. Et que ce qu’en disent, chichement, nos grands médias
trahisse souvent une mauvaise humeur embarrassée. L’ouvrage est bien
trop érudit en même temps que limpide pour pouvoir être aisément récusé.
S’exercent dès lors à son encontre les tours usés de la polémique. On
met en cause les prises de position de l’auteur sur de tout autres
sujets, où il est parfaitement permis de ne pas le suivre. On l’accuse
d’unilatéralisme, quand il ne manque aucune occasion de montrer la
diversité d’aspects du libéralisme, la complexité de ses courants,
souvent l’ambiguïté de ses penseurs. Pour finir, on lui fait le coup du « mais c’est bien connu ! », quand l’idéologie dominante s’active sans cesse à faire vivre en sa grossière partialité la légende dorée du libéralisme."
Vous cherchez un cadeau à offrir à votre Dominant ou Dominante pour Noël, le voilà.
Ceci est intéressant parce que, même si ce n'est pas une surprise, le libéralisme est l'idéale dictature dont la forme extrême (celle qu'a si bien vu venir Eric Blair alias George Orwell dans 1984) n'apparait aujourd'hui qu'en raison de la pression démographique. La société militarisée dans laquelle nous vivons ne peut qu'organiser avec toujours plus de rigueur la domestication industrielle des masses que nous sommes à peu près tous. Oui, je sais, il y en aura toujours pour expliquer que les génocides ont changé de forme, c'est possible, je n'en pense rien, je vois l'écume des vagues au gré des informations sur l'état de la mer à tel ou tel endroit.
Rien de nouveau sous le soleil.
Margot Weiss, elle est sociologue américaine, elle vient de publier Techniques of pleasure, une plongée dans le monde des communautés BDSM de la coté ouest des Etats Unis.
Elle met en relation d'impérialisme US et les codes de Domination soumission des communautés BDSM. Elle n'est pas la première loin de là. Déjà dans les années 60, certains de ces communautés naissantes voyaient bien que les circonstances implacablement mise en œuvre par l'économie libérale de compétition et de prédation des USA favoriseraient au niveau individuel, culturel et sexuel l'émergence de mode de vie entièrement basés sur la Domination soumission... Oui Margot Weiss est toute entière nourrie de Michel Foucault.... Mais il est vrai qu'il n'y a pas pléthore de travaux sur ces sujets... C'est curieux mais c'est ainsi...
So what ?
J'ai bien ma petite idée là dessus...
Il manque à ces approches la jonction avec les travaux de Neil Postman auteur de Se distraire à en mourir...
Mais encore...
Il manque aussi notre ancêtre à tous : la petite souris (premier mammifère du monde) qui seule et toute petite a survécue aux dinosaures, qui eux, ont disparus...
Il manque la créativité spontanée des enfants (ceux qui n'ont pas d'écran avant 6 ans)
Il manque les notions couvertes de poussière d'éducation populaire, il manque les travaux sur l'origine de la violence, il manque les découvertes de la neurologie des années 2000...
Il manque le plaisir de vivre au quotidien une relation humaine profondément consentie et épanouissante....
Bon, personne ne lit ces lignes et c'est tant mieux.
Mais je poursuis ma petite réflexion, persuadé que nous ne sommes pas que le produit de notre culture/education/personnalité... Oui bien sur mépakeu !
Notre part d'inspiration, la dimension quasi magique de notre sensibilité et de nos perceptions ne me permette pas le regard définitif et clos que ces reflexions philosophico historico sociologiques prétendent engendrer....
Bon personne ne lit ces lignes et c'est tant mieux ;-)
BDSM-Liberté-Politique
La vérité c'est comme le dentiste : plus on attend plus ça fait mal.
dimanche 23 novembre 2014
mardi 26 août 2014
Vivre Maitre / esclave : pas question d'avoir peur.
C'est là
où la vigilance, la responsabilité des Maitres et Maitresses est centrale. Sans
revendiquer autre chose que le respect de la liberté individuelle et intime,
chacun doit savoir que le choix de vivre librement son intimité telle qu'il ou
elle le souhaite, entre adultes consentants, est un choix désormais aussi
politique (dans le sens du vivre ensemble).
C'est le
choix de la confiance en nous même, le choix de notre liberté qui ne dépend que
de nous et de nous seuls.
C'est
notre dernier espace où nous pouvons décider de vivre tel qu'en nous même en
pleine liberté sans nuire à qui que ce soit.
Le premier
but de cette surveillance généralisée des comportements privés est de
conditionner les individus à la peur et à l'auto censure.
Ah, le
vieux rêve du monarque qui souhaitait que son peuple n'eut qu'une tête afin de
le décapiter d'un seul coup d'épée.
Ah, la
prévision visionnaire de Georges Orwell dans son livre 1984 dont les ventes
récentes ont été décuplées en 2013 suite aux déclarations du Président
Directeur Général des Etats Unis d'Amérique niant être "big brother".
Modeler
les individus dans la crainte de ne pas être dans la norme c'est s'appuyer sur
les réflexes enfantins de la peur de ne pas faire partie du groupe puisque nous
sommes des êtres sociaux comme les réseaux du même nom.
Criminaliser
les contestations politiques, corrompre les luttes syndicales ou
environnementales, inciter tout le monde à la consommation à outrance par la
publicité généralisée, imposer la soumission au modèle TINA (There Is No Alternative,
il n'y a pas d'alternative) par la manipulation de l'histoire humaine,
déresponsabiliser et décourager chacun en montrant sans cesse que les crimes
contre l'environnement, les fraudes fiscales et les corruptions de grandes
envergures restent impunis, déprimer les individus, montrer la guerre et
l'injustice a longueur de journal télévisé, déprimer surtout les jeunes, en les
constatant impuissants et faire savoir que le médecin est le seul et dernier
recours au mal être avec les pilules qui vont bien.
Une
population d'individus qui se pensent impuissants et qui ont peur est bien plus
facile à gouverner par un petit groupe de dominants.
Appliquer
à l'ensemble de la population mondiale qui consomme le conditionnement que l'on
applique à son esclave consentant ne peut se faire qu'avec la fabrique du
consentement.
Ceci
permet aux fortunes en place (établies sur la guerre et le commerce son autre
nom désormais) de continuer à accumuler encore avant d'être transmises, aussi
dans la peur, aux enfants, à la famille, qui prendront des pilules…Eux aussi.
La
fabrique du consentement est le versant caché de la société industrielle
devenue de la surveillance, société de la peur.
Le patron
de Google, lisse et insensible, dit "don ‘t be evil" ne soyez pas le
mal avec une idée très limite de ce qui est mal lorsqu'il déclare par ailleurs que la politique de google est toujours d'être au bord du sinistre...
Mentir
c'est mal…
Pourtant
sans quelqu'un pour mentir, Anne Franck n'aurait jamais eu le temps d’écrire
son journal. Et ce n'est pas défendre le mensonge mais restituer la confiance
dans l'humain et dans son aptitude au discernement, en pleine responsabilité,
libre de vivre comme il l'entend sans peur ni pilules, sensible à lui même, aux
autres et à l’incroyable relief du monde…
Vivre tel qu'il ou elle se sent être.
mardi 19 août 2014
Relations Domination / soumission - Consentement et liberté
Notre
consentement d'adulte, à vivre Maitre ou esclave, fait partie de notre liberté
d'être nous même. Cette liberté de vivre notre intimité en tant que Maitre /
esclave comme nous le souhaitons demeure tout de même hors norme.
La
question du respect de la norme sociale n'est pas une question : son respect
est une obligation de tranquillité et de paix. Nous respectons la norme sans
forcément nous y conformer et ce, particulièrement dans notre intimité ou en matière de
sexualité. Le premier sexologue venu le confirme en permanence, en matière de
sexualité aucune norme ne peut être revendiquée par personne, la sexualité "normale"
n'existe pas : c'est un mythe, même s'il a la vie dure.
“Ma
liberté s’arrête où commence celle des autres” est une des règles de la
pression sociale. Comme les blousons du même nom, elle est réversible : la
liberté des autres s'arrête où commence la mienne. Cette liberté est ma liberté
sociale, celle qui engage le respect : celui que je dois et celui que les
autres me doivent.
Quoique...
Il suffit de sortir dans la rue pour comprendre que ma liberté sociale est tout
de même assez limitée. Des milliers de messages publicitaires, d'informations,
conçus pour attirer mon attention entrent sans cesse dans mon esprit. Je ne
peux pas fermer les yeux et mes oreilles n'ont pas de paupières. Le comble de
l'ironie est que souvent ces publicités me parlent de liberté... A tel point
que je ne sais même plus ce qu'est la liberté. Ah si : la liberté est celle d'acheter,
de choisir tel ou tel opérateur téléphonique par exemple…
Sans cesse
tous ces messages piétinent allègrement ma première de mes libertés : celle de
penser ce que je veux. Ces messages injectent en permanence une sorte de drogue
qui occupe mon esprit, qui ne me laisse jamais la liberté de penser sans
effort, de laisser venir à moi les sensations, les inspirations, les amis...
Un exemple
: prendre son petit déjeuner tranquille à l'hôtel impose désormais de ramener
le plateau dans sa chambre. Dans les salles du petit déjeuner, l'écran plat de
la télévision est branché sur les informations. Dès le réveil toute la boue du
prêt à penser de la télévision est obligatoirement servie à chacune des
personnes présentes. Observez les enfants présents si vous êtes en période de
vacances : ça fait peur. Demandez à ce que cette télé soit éteinte et observez
les réactions autour de vous. Vous allez vous attirez des ennuis.
Vive les
câlins privés de la chambre à coucher, dernier lieu de l'intimité même mentale.
Notre
intimité serait donc notre dernier espace de liberté ? Notre ultime liberté ?
Pour nous
Maitre Maitresse ou esclave cette ultime liberté s'exprime par notre choix
consenti de vivre dans notre intimité tel que nous nous reconnaissons.
Oui, nous
pouvions le croire. Avant.
Et c'était
même assez plaisant voire romantique : notre intimité consentie, le dernier
espace de liberté explicite du monde !
Avant.
Avant
Edward Snowden.
Avant nous
pouvions encore croire que notre ultime liberté dans ce monde ultra surveillé
était est celle de notre intimité, probablement le dernier espace nous
appartenant en privé.
Ce n'est
désormais plus possible.
Nous avons
eu confirmation, tous, que l'ensemble des messages téléphoniques et internet
que nous avons échangés avec nos proches depuis plus de cinq ans sont stockés
et le sont toujours quelque part.
Notre
liberté et surtout notre intimité en a pris un sacré coup.
Et
personne pour réclamer que tout ceci soit effacé immédiatement par la justice.
Personne.
Personne,
donc tous consentants.
Dans ce
monde, le notre en 2014, empoisonné à grande échelle, les mensonges d’états
sont plus gros que les tours du 11 septembre.
La
propagande des guerres à ennemis interchangeables est celle que que Orwell a vu
dans son roman 1984.
Dans ce
monde, celles et ceux qui choisissent de vivre en eux même sincères dans la
découverte d’eux même, ceux là témoignent, même modestement, de grandeur, de
dignité ou plus simplement d'honnêteté, au moins vis à vis d'eux mêmes.
Nombreux
sont celles et ceux qui se sont engagés à l'écoute d'eux même et pas seulement
dans le sens de relations Maitre / Maitresse / esclave.
Nombreux
et nombreuses sont celles et ceux qui sont fidèles au choix de vivre leur
intimité telles qu'ils ou elles le souhaitent. Cela relève de l'intimité,
personne n'en saura rien à part la ou les personnes directement concernées.
Désormais,
nous savons tous que notre intimité n'existe plus.
Qu'un jour
peut être nous aurons à nous justifier de ne pas vivre comme il est dit que
nous devons vivre au nom de je ne sais quelle principe de précaution, de
sécurité (nous y voilà !) rendu obligatoire par des monstres financiers que
sont devenus les assurances par exemple.
Ici, là
précisément, la question n'est plus comment mais pourquoi.
Pourquoi
notre intimité est elle ainsi violée ? Pour le confort ? C'est faux, le confort
proposé aujourd'hui n'est que destruction des espaces vitaux, abrutissement
massif, précarité et peur du lendemain pour tous, même pour les plus riches.
Pourquoi ?
Il n'est
pas question de faire son "coming-out" et d'expliquer que oui,
monsieur obéit et sert Madame en permanence.
Il n'est
pas question de sortir pour militer et réclamer je ne sais quel droit afin de
porter encore des affaires privées sur la place publique afin que les affaires
publiques soient traitées en secret par des gens non élus plus puissants que
les parlements.
L'intimité
doit rester l'intimité dans toute sa variété, dans toute son humanité.
Cela ne se
voit pas en public, que les fesses de monsieur portent fièrement les marques
des coups de cravache de Madame, cela fait partie de leur intimité et mérite le
plus strict respect dans la discrétion la plus stricte…
Pas
question de s'exposer.
C'est de
l'intime, du bien être, évidemment, de l'humain, de la joie de vivre et de la
santé.
Serait il
préférable que monsieur prennent des pilules pour oublier, que Madame prenne
des pilules pour oublier ?
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